Retours de mission au Sénégal
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vendredi 27 mai 2016

 Mission du 09 avril au 14 avril 2016 dans la Commune de Ronkh

Où : La commune de Ronkh : Nord-Ouest, frontière avec la république islamique de Mauritanie, Océan Atlantique sur la côte ouest. Voir la carte.

Les ressources : riz, Canne à sucre à Richard Toll, cultures maraichères, élevage de bovins et de caprins La Commune de Ronkh abrite environ 32 000 personnes disséminées dans 21 villages et 21 hameaux. La majorité d’entre eux sont enclavés. Construites sur des sols argileux et halomorphes des pistes les relient mais elles deviennent vite impraticables sous le poids des camions transformant ainsi le revêtement en « tôle ondulée ».

De ce fait les véhicules empruntent les pistes parallèles réservées à la traction hippomobile. Durant la saison des pluies au mois de juillet et aout les villages subissent des inondations de plus de 20 cm de niveau. L’évacuation des eaux pluviales est problématique. Nous avons été chaleureusement accueillis par le Maire de la Commune de Ronkh Tidiane N’Diaye et ses concitoyens. Bénédictions des imams, chants griotiques précédant toute prise de parole officielle et danses ont célébré avec entrain la rencontre de quatre villes partenaires. : Commercy (Meuse), Joeuf (Meurthe et Moselle) et Mont saint Martin (CU Longwy frontière belge et luxembourgeoise)fortement représentées par jeunes, acteurs associatifs et élus.

 

Ce temps fort a été ponctué d’un acte majeur dans le processus de l’acte 3 de la décentralisation au Sénégal  visant à promouvoir la gouvernance locale de proximité : pose de la première pierre du centre d’état civil de la Commune de Ronkh par les maires de Rezé et Commercy.

Participation des jeunes à la construction d’un bâtiment annexe de la mairie dédié au service de l’état civil (projet pilote à l’échelle nationale, enjeu très fort pour le nouveau maire de Ronkh / le recensement des naissances auprès de l’Etat n’étant pas généralisé en raison à l’accessibilité des services)

Nous avons parcouru la Zone Sud et avons rencontré les acteurs locaux, élus et populations.

Les activités des villages et hameaux sont rationnellement orientées vers l’élevage de caprins et de bovins (zébus) et le maraichage. L’implantation de rizières au travers de programmes d’irrigation dans la Vallée du fleuve Sénégal, véritable grenier, a impacté les modes de production des habitants qui sont devenus agro éleveurs.

Ce périple a permis de prendre la mesure des réalités vécues par les populations de ces zones arides, enclavées, sans électricité, affichant un déficit d’infrastructures  vitales.

Routes quasiment impraticables notamment durant la saison des pluies, précarité de la situation sanitaire, déficit d’écoles, pollution entre autres due à des sacs plastiques sont utilisés par les villageois afin de gérer au mieux l’écoulement des eaux pluviales. Toutefois d’ici à 2018 l’ensemble des villages de la commune auront accès à l’eau grâce à des bornes fontaines collectives et/ou des raccordements familiaux et individuels, l’assainissement par l’évacuation des eaux pluviales.

Il est important de relever que le typha est une plante endémique des rives du fleuve Sénégal devenu invasive en raison de la mise en service du barrage de Diama, près de Saint-Louis. Celui-ci a été conçu pour éviter la désertification de la vallée du fleuve Sénégal. La prolifération de ce roseau allant jusqu’à 2 mètres de hauteur a pour conséquences, la pollution des zones d’aquaculture ainsi que des zones d’élevage. De plus, les eaux stagnantes hébergent des moustiques, et d’autres vecteurs de maladies diverses (paludisme, bilharziose). Le typha rend au quotidien également les stations de pompage défectueuses posant un problème majeur à l’accès à l’eau potable pour les populations locales. Cependant, le typha s’avère être un bon isolant thermique. Il est donc possible de le reconvertir en ressource pour l’habitat (toiture et paroi murale) et, dans une logique de développement durable, d’en faire une source nouvelle d’énergie en tant qu’alternative du bois.

Enfin, il est à noter que les femmes sont fortement impliquées dans la vie sociale et économique. A ce sujet les tontines d’antan (collecte d’argent pour évènements et micro-projets) ont évolué et se sont transformées en associations villageoises d’épargne et de crédit. Ces systèmes de cotisations des particuliers permettent de financer des projets. Celles-ci ont désormais vocation à se regrouper sur le modèle de la Fédération AVEC de Ronkh, les étapes suivantes sont : Kassak, Diawar, Diatène.

Marie-Isabelle YAPO